Éthique et pratique du coaching

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Lisant et relisant  « Essai sur les données philosophiques du management » (Ghislain Deslandes- PUF, 2013), je me suis  fortement « questionné » sur mon activité de coach , dont beaucoup d’applications concernent  le management.

Vingt ans et plus de coaching cadres et dirigeants, cela fait beaucoup,  et franchement, je ne vois pas comment faire et poursuivre cette activité sans questionnement, sans autocritique, et sans remise en cause. En dehors du classique « suis -je un bon coach ? », je me suis souvent (toujours) interrogé sur l’efficacité de mes interventions.

Praticien du coaching de performance, je me suis attaché à mesurer, objectiver les résultats de mes prestations (cahier des charges du coaching, objectivation des attentes du « système-clients » de l’accompagnement, prise en compte du contexte des organisations, séquences d’évaluation…).

D’identité et de culture humaniste, je me suis toujours gardé (autant que faire m’a été possible) de laisser se glisser mes représentations – et l’expression de mes valeurs- dans mes actes d’accompagnement, face à des acteurs de profils très divers.

Le lecteur comprendra alors ma forte sensibilité aux données philosophiques qui sous-tendent l’éthique des activités de coaching :

  • Pouvoir sur l’autre et pouvoir sur soi,
  • Responsabilité et souci de sécurité,
  • Pratique éthique indissociée des situations réelles traitées lors du processus d’accompagnement.

Là, réside la difficulté essentielle : le coach est-il « stimulateur éthique » ? Peut-il se libérer de ses représentations pour amener la personne accompagnée à produire « son » éthique dans les actions à mener ?

Certes, le coach sait que, toujours, il doit se garder du rôle d’influenceur, d’éminence grise, et que le « coaché » doit être l’acteur… Bien difficile, néanmoins dans la pratique pour le coach de ne pas laisser « transpirer » ses valeurs… et son humanisme.

Pour éviter cet écueil, j’utilise les « recettes » suivantes :

  1. « J’esquive » l’engagement d’une prestation, avec des acteurs dont les valeurs sont trop éloignées des miennes (et alors le contrat de coaching ne se fait pas),
  2. Tout au long de la prestation, je me centre sur la réalité opérationnelle du « coaché » et sur les laboratoires choisis par lui,
  3. Je m’applique à comprendre son « équation personnelle », ses déterminismes et à les respecter profondément.

Ainsi, je réussis (j’ai réussi) à amener l’acteur à réfléchir sur sa propre éthique, à la produire tout au long de la réalisation.

Ces recettes s’avèrent d’autant plus nécessaires que les personnes accompagnées sont en fortes responsabilités managériales, décisionnelles, organisationnelles et stratégiques et qu’à ces différents titres, elles sont dans leur identité morale, sollicitées sur trois niveaux :

  • Le rapport à soi,
  • Le rapport à l’autre (aux autres),
  • Le rapport aux socio-organisations et institutions.

… Sur ces trois niveaux, elles ne peuvent faire l’impasse sur la réflexion éthique, lors de la préparation et dans le passage à l’action.

J’ajoute que pour ma part, aussi, associer éthique et pratique du coaching a été -est- la manière la plus fertile de progresser dans mes prestations en  leur appliquant une démarche continue de qualité et de « (re) mise en cause » …

Enfin, je me tiens à la disposition de chacun –  dirigeants, managers, coachs – pour échanger sur ces thèmes passionnants de la philosophie, de l’éthique et du coaching de performance.